Les dons de la femme
L’ânesse de Balaam, héroïne de la parasha Balak, préfigure les ânesses que cherchera Saül.
L’ânesse de Balaam, au singulier, en Nombres 22, s’écrit ATWN, Atone, six fois avec l’article Hé, H, הָאָתוֹן, une fois avec la préposition Lamed, L. Mais deux fois, les deux premières, elle s’écrit אֲתֹנוֹ, ATNW, avec le Vav, adjectif possessif en suffixe, « son ânesse ».
Les ânesses, au pluriel, que cherche Saül, en 1Samuel 9 et 10, s’écrivent הָאֲתֹנוֹת, HATNWT, HaAtonot‘. Or le plus souvent les trois lettres ATN interviennent dans des conjugaisons du verbe NTN, Natan, donner. C’est ainsi que le mot ATN, en trois lettres, a six occurrences dans la Genèse.
Genèse, 12, 7 : L’Eternel apparut à Abram, et dit: Je donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) ce pays à ta postérité.
Genèse, 24, 7 : Abraham lui dit (…) : L’Eternel, le Dieu du ciel, Qui m’a fait sortir de la maison de mon père et de ma patrie, Qui m’a parlé et Qui m’a juré, en disant: Je donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) ce pays à ta postérité.
Genèse, 26, 3 : Séjourne dans ce pays-ci: Je serai avec toi, et Je te bénirai, car Je donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) toutes ces contrées à toi et à ta postérité,
Genèse, 34, 11 : Sichem dit au père et aux frères de Dina: Que je trouve grâce à vos yeux, et je donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) ce que vous me direz.
Genèse, 35, 12 : Je te donnerai (אֶתְּנֶנָּה, ATNNH, Etenènah) le pays que j’ai donné (נָתַתִּי, NTTY, Natati) à Abraham et à Isaac, et je donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) ce pays à ta postérité après toi.
Genèse, 42, 34 : Je saurai ainsi que vous n’êtes pas des espions, que vous êtes sincères; je vous donnerai (אֶתֵּן, ATN, Ètén) votre frère, et vous pourrez librement parcourir le pays.
Le lait de l’ânesse est fort proche du lait maternel. L’ânesse symbolise les « dons » que reçoit la femme, grâce de la jeune fille qui attire le jeune homme, lait de la mère dont se nourrit l’enfant, vaillance de l’épouse dont bénéficie le mari. Balaam reçoit les reproches de la part féminine de sa conscience, Saül recherche les êtres touchés par la grâce. « Ta postérité », ce sont des garçons et des filles, ayant vocation à être élus les uns des autres, puis pères et mères.
Voir aussi :
Montées de Balak (RMAN)
Lectures de « Balaq » (GRJO)
Le geste de Pin’has
L’ânesse de Balaam
Âne et ânesse
De l’antisémitisme, par Stéphane Zagdanski, Climats, Flammarion, 2006, p. 39-45 (extraits en ligne)