Il y a « prendre » et « prendre »

Le premier mot de la parasha Qora’h laisse perplexes les commentateurs et traducteurs.

Nombres 16, 1
…וַיִּקַּח קֹרַח
WYQE QRE …
VaYiqa’h Qora’h
Et Qoré, fils de Yiçhar, fils de Kehath, fils de Lévi, prit (parti ?) avec Dathan et Abirâm, fils d’Elïab, et On, fils de Péleth, descendants de Ruben.

Dans le premier verset du chapitre 16, la Torah utilise la racine « prendre, לקח, LQE » sans préciser ce que Qoré a pris : il a pris parti contre Moïse, il a pris à part Dathan et Abiram, il a pris la parole, ou quoi encore ?

La racine « prendre לקח, LQE », très fréquente, recèle une idée d’acquisition, de possession, de choix, de domination, l’idée de convaincre, de gagner à ses convictions, d’influencer. Exemples :

Genèse 11, 29
וַיִּקַּח אַבְרָם וְנָחוֹר
Abram et Nahor prirent (וַיִּקַּח, WYQE, Vayiqa’h) femme

Genèse 24, 10
Le serviteur prit (WYQE, VaYiqa’h) dix chameaux

Deutéronome 4, 34
Existe-t-il un Dieu qui ait essayé de venir prendre (לָקַחַת, LQET, Laqa’hat) pour lui une nation au sein d’une nation ?

Josué 2, 4 :
La femme prit (וַתִּקַּח, WTQE, VaTiqa’h) les deux hommes, et les cacha

Ezéchiel 33, 6
Si le peuple n’est pas averti, et que l’épée prenne (וַתִּקַּח, WTQE, VaTiqa’h) à quelqu’un la vie, celui-ci périra à cause de son iniquité, mais je redemanderai son sang à la sentinelle.

Osée 4,11
La débauche, le vin et le moût emportent le cœur (יִקַּח־לֵב, YQE-LB, Yiqa’h-Lév)

Psaume 15, 5
Qui ne donne pas son argent à intérêt, et ne prend pas (לֹא לָקָח, LA-LQE) de don contre l’innocent, celui qui fait ces choses ne chancelle pas.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

Sur la parasha Qora’h, voir aussi :
Le premier hérétique
Engloutis vivants

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