Le nom « Israël »
Le nom « Israël » apparaît à l’issue du combat de Jacob avec l’ange…
… qui, après une nuit entière, reconnaît la valeur de son adversaire.
Genèse 32, 29 :
Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël (יִשְׂרָאֵל, YSRAL); car tu as lutté (כִּי־שָׂרִיתָ, KY-SRYT, Ky-Sarita) avec Elohim et avec des hommes, et tu as tenu.
Chouraqui traduit « Israël » par « Lutteur d’El ». La racine שרת, SRT, se retrouve dans le latin “CeRTare“, qui veut dire aussi “lutter“. En dérivent “concert” et “concerto”, qui évoquent la lutte pacifique des instruments de l’orchestre. D’ailleurs en hébreu, la racine שר, SR se retrouve dans שִׁיר, SYR, Shir, « chanter », et dans שִׁיר הַשִּׁירִים, SYR HSYRYM, Shir HaShirim » le « Cantique des Cantiques ».
La lutte de Jacob avec l’ange est donc un match, une compétition, un combat loyal, corps à corps, dont on sort épuisé, voire blessé (Jacob devient boiteux), mais doté d’un grade, d’un titre : “Israël“, YSRAL, en l’occurrence pour Jacob, mérité comme le sera celui de “maître“, שַׂר, SR, Sar, pour l’échanson et le panetier.
Israël, יִשְׂרָאֵל, YSRAL, “maîtrise” donc la Parole de Dieu, comme un concertiste maîtrise une partition de Beethoven, après l’avoir répétée des nuits entières, sans être jamais sûr d’avoir atteint la perfection. On imagine de même Moïse, comme tout créateur, “se colleter des nuits entières” avec son manuscrit, celui de la Torah, cherchant, calculant, avec inspiration divine et rigueur mathématique, sans se soucier de l’ironie des sceptiques, le bon ordre des 304 805 lettres, des 79 976 mots, des 5845 versets (1).
Comme les cinq rabbins de Bné-Braq, dans la Haggadah de Pessah’, qui passent toute la nuit à discuter de la Sortie d’Egypte, jusqu’à aller « réciter le Chema du matin », qui s’adresse à tout Israël :
Deutéronome 6, 4
שְׁמַע יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָד
Shema’ Israel Adonaï Elohéynou Adonaï E’had
« Ecoute Israël YHWH notre Elohim, YHWH Un ! ».
Comme après eux, des générations de Sages d’Israël, la tête dans les mains, se sont « colletés des nuits entières » avec la Loi, pour inlassablement la commenter, l’interpréter, la transmettre.
(1) Marc-Alain Ouaknin « Mystères de la Bible », Assouline, 2008, p 355. Et aussi les commentaires de Le cœur de la Torah.
Voir aussi :
Révèle-moi ton nom
29 mars 2022 à 10:15
En hébreu dans le Texte.
Sommaire
Voir aussi :
*Translittération
*Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)
*Aperçu sur Amazon
*Recension par Jean-Pierre Allali