Jeune fille ou jeune femme ?
En Genèse 24,43, le serviteur d’Abraham fixe les règles du jeu qui va désigner Rébecca pour fiancée d’Isaac :
Je me tiens près de la source; la jeune fille (הָעַלְמָה, HŒLMH, Ha’Almah) qui sortira pour puiser, à qui je dirai : ”S’il te plaît, donne-moi à boire un peu d’eau de ta cruche” et qui me dira ” Bois toi-même, et je puiserai aussi pour tes chameaux “, que celle-là soit la femme que l’Éternel a destinée au fils de mon Seigneur.
Dans les livres de Moïse, le mot עַלְמָה, ‘Almah, ŒLMH, jeune fille, n’apparaît qu’une seule autre fois, en Exode 2,8, pour désigner la grande sœur (plus loin appelée Myriam) du bébé confié au Fleuve dans sa corbeille :
Sa sœur se poste au loin pour savoir ce qui lui arriverait. Or la fille de Pharaon descend se baigner dans le Fleuve, ses suivantes vont sur la rive. Elle voit la caisse parmi les roseaux ; elle envoie vérifier et la prendre. Elle l’ouvre et voit l’enfant : un garçon pleure ! Elle compatit pour lui et dit : ” Il est des enfants des Hébreux. ” Sa sœur dit à la fille de Pharaon : “Irai-je appeler pour toi une femme nourrice parmi les Hébreux, qui nourrira pour toi l’enfant ? – La fille de Pharaon lui dit : « va ». La jeune fille (הָעַלְמָה, HŒLMH, Ha’Almah) appelle la mère de l’enfant. La fille de Pharaon lui dit : ” Va avec cet enfant et nourris-le pour moi, je te donnerai ton salaire. ” La femme prend l’enfant et le nourrit. L’enfant grandit, elle l’amène à la fille de Pharaon. C’est pour elle comme un fils. Elle crie son nom : Moshé . Elle dit : oui de l’eau je l’ai tiré.
Dans les autres livres bibliques ne figurent que deux autres mentions de ŒLMH, ’Almah, toutes deux remarquables :
Proverbes 30, 18-19 : Trois choses me sont impénétrables, et quatre que je ne comprends pas : le chemin de l’aigle dans le ciel, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin du vaisseau en haute mer, et le chemin de l’homme en la jeune fille (בְּעַלְמָה, BŒLMH, Be’Almah).
Isaïe 7,14 C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte (HŒLMH HRH, Ha’Almah’ Harah), elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel.
Dans ces deux citations, עַלְמָה ŒLMH, ’Almah désigne la jeune fille en passe d’être fécondée, l’ « entre-deux » (notion chère à Daniel Sibony) entre « jeune fille » et « jeune femme ». Si on ajoute que
– Rébecca est la future mère des jumeaux Jacob/Israël et Esaü,
– que עלמ, ŒLM, est aussi la racine de עוֹלָם, ŒWLM, ‘Olam, qui désigne à la fois l’Univers et l’Éternité,
on a une intuition des cheminements par lesquels
– le Coran, en ses sourates 3 et 19, fait de Myriam, fille d’Amram, tout à la fois la sœur de Moïse (Moussa) et la mère de Jésus (Issa) ;
– le midrash chrétien fait de Myriam la Vierge Marie.
11 juillet 2021 à 11:00
En hébreu dans le Texte.
Sommaire
Voir aussi :
Translittération
Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)