Rira bien …
En Genèse 17, à l’annonce de sa prochaine paternité, Abraham, qui vient, avec Sarah, de changer de nom, se met à rire, …
… puis apprend le nom de son futur enfant : יִצְחָק, YZEQ, Yits’haq, Isaac, “On rira”. Au chapitre suivant, 18, c’est Sarah qui à son tour rit, prise d’euphorie certes, mais aussi de déni et de terreur.
Isaac, au contraire de ses parents, ne change jamais de nom. C’est le rire, cette fois, qui prend toutes sortes de significations, que scandent diverses formes du verbe onomatopée צְחָק, ZEQ, Ts’haq, “rire”.
Il faut d’abord que les chapitres 19 et 20 s’intercalent, ce n’est qu’au chapitre 21, YHWH ayant « visité » Sarah, qu’Isaac vient enfin au jour, comme s’il fallait éloigner le plus possible la conception miraculeuse d’Isaac de sa naissance.
Isaac est circoncis au huitième jour ; il est nommé du nom prévu avant sa conception. Et ce nom renvoie à nouveau au rire. Versets 5 et 6 :
« Abraham était âgé de cent ans, à la naissance d’Isaac (YZEQ, Yits’haq) son fils. Et Sara dit: Dieu m’a fait sujet de rire (ZEQ, Ts’haq); quiconque l’apprendra rira de moi (YZEQ-LY, Yits’haq-Li). »
Ce n’est plus ici la femme enceinte qui est sujet de raillerie, c’est la nouvelle accouchée, dont l’enfant pourrait ne pas être celui de son mari.
Trois versets plus loin, c’est au tour d’Ismaël, le fils «naturel», de se moquer : « Sarah voit le fils qu’Hagar, l’Egyptienne, avait enfanté à Abraham qui rit (MZEQ Metsa’heq) ».
Les moqueurs ont bien des raisons de mettre en doute les filiations officielles. Si une femme annonce à son mari qu’elle est enceinte, tout le monde se réjouit ; mais si une fille annonce à son père qu’elle est enceinte, une question surgit : « De qui ? ».
Dans le premier cas, on rit. Dans le second, on rigole.
Voir aussi :
Crie son nom : Its’haq
3 mai 2021 à 12:31
En hébreu dans le Texte.
Sommaire
Voir aussi :
Translittération
Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)
3 mai 2021 à 15:25
Felix Asher Perez sur Facebook
Les commentateurs traditionnels soulignent l’écart entre le FUTUR employé pour le rire d’IZHAQ et le PRESENT employé pour le rire (Genèse 21, 9 « Sarah vit le fils d’Agar l’Egyptienne et de Abraham RIRE »**)
**בֶּן־הָגָ֧ר הַמִּצְרִ֛ית אֲשֶׁר־יָֽלְדָ֥ה לְאַבְרָהָ֖ם מְצַחֵֽק:
D’un côté le rire d’Izhaq et du peuple juif s’économisant dans l’attente d’un accomplissement futur.
De l’autre côté le rire de Ishmaël et de ses descendants spirituels consommant le présent, sans doute trop confiants.
(souvenons-nous des fréquents rires publics de Nasser tels que dans https://www.youtube.com/watch?v=_ZIqdrFeFBk )
3 mai 2021 à 15:32
OUI. Manitou a plusieurs fois repris ce thème. Voir par exemple http://manitou.over-blog.com/article-vayichla-h-1995-1ere-partie-40684226.html
3 mai 2021 à 23:10
Felix Asher Perez sur Facebook
C’est lui qui m’a en effet poussé à creuser ce riche sujet qu’il a abordé
14 mai 2021 à 12:36
Rarement le contraste entre le rire au présent d’Ismaël et le rire au futur d’Isaac n’aura mieux fonctionné qu’avec cet épisode des artificiers de Hamas tirant de Gaza toutes leurs roquettes, pour se faire écrabouiller par les bombardiers de Tsahal …