Connaître, au sens biblique
Le premier verset du chapitre 4 de la Genèse énonce :
וְהָאָדָם יָדַע אֶת־חַוָּה אִשְׁתּוֹ
WHADM YDŒ AT-EWH ASTW,
VeHaAdame Yada’ Ète-‘Hawah Ishto,
Et l’Adam connut Ève sa femme.
Ève avait été nommée en Genèse 3, 20 :
וַיִּקְרָא הָאָדָם שֵׁם אִשְׁתּוֹ חַוָּה
WYQRA HADM SM ASTW EWH,
VaYiqra HaAdame Shem Ishto ‘Hawah,
Et l’Adam appela le nom de sa femme Ève.
Ces deux occurrences sont les seules du nom de חַוָּה, EWH, ‘Hawah, Ève. Il n’en sera plus jamais question, ni dans la Torah, ni dans les autres livres de la Bible hébraïque.
Mais comment comprendre que le verbe Yada‘, savoir, connaître, YDŒ, combinaison de YD, Yad, main, et de Œ, Ayin, œil – ait ici le sens qu’on qualifie aujourd’hui de « biblique » : connaître une femme. Chouraqui, quant à lui, traduit ici YDŒ, yada’, par « pénétra ». Dire d’une personne qu’elle est impénétrable signifie en effet qu’on ne sait pas ce qu’elle pense : les voies de la Providence sont impénétrables.
En fait de connaître « une » femme, il s’agit de connaître « sa » femme. Chassés du Jardin d’Eden, l’homme et sa femme « font connaissance » d’un coup, définitivement, et engendrent Caïn et Abel sans délai, en vingt mots.
Une femme enceinte devient l’instrument de la Nature, de forces transcendantes incompréhensibles et pourtant certaines ; les « mains » et l’« œil » de YDŒ, yada’, sont ici ceux de la Providence, bénie soit-Elle. Quand un Adam et une Ève « se connaissent », l’homme et la femme savent et connaissent sans y penser, miracle !, que s’ils sont parents, ce sera d’un enfant « à leur image », d’un enfant d’Homme, et non d’une petite chimère, comme dans certains rêves terrifiés de femmes enceintes, tel celui qu’Ira Levin et Roman Polanski ont raconté dans Rosemary’s baby.
Il y a similitude de l’union intime et de la connaissance : on conçoit un enfant comme on conçoit une idée ; « épouser » une conviction, c’est la faire sienne, intimement.
Voir aussi Ne pas connaître
25 octobre 2020 à 18:35
En hébreu dans le Texte. Sommaire