Consolation et grâce
À la naissance de Noé, NE, Noa’h, la Torah justifie son nom par une proximité avec le verbe NEM, Ni’hem, regretter, mais aussi consoler.
Son nom lui est donné par son père Lémec, qui (Genèse 5, 29) : « lui donna le nom de Noé, en disant : Celui-ci nous consolera (יְנַחֲמֵנוּ, YNEMNW, YeNa’hamenou) de nos fatigues et du travail pénible de nos mains ».
La naissance d’un enfant console de toutes les peines et douleurs des parents, de toutes les complications qui affectent leur vie (1). Mais pour le nouveau-né, qui n’a pas de part à ces douleurs, recevoir la vie et tout un patrimoine génétique, donc une identité, c’est une « grâce » ; cela lui est offert « gracieusement », « gratuitement » : « Mais Noah trouva grâce (חֵן, EN, ‘Hen) aux yeux de YHWH » (Genèse 6,8).
Dans les deux versets précédents (6,6 et 7), le verbe נחמ, NEM, signifie regretter (2). « YHWH regretta (וַיִּנָּחֶם, WYNEM, Vayna’hem) d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur. Et YHWH dit : J’exterminerai l’homme que j’ai créé des faces de la terre, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car je regrette (נִחַמְתִּי, NEMTY, Ne’hemti) de les avoir faits. Mais Noé trouva grâce aux yeux de YHWH. ». YHWH fait « grâce » : la totalité des vivants, hommes et animaux, est exterminée, sauf Noé, sa famille, et un couple de chaque espèce sexuée.
(1) Autre « consolation » : l’amour conjugal console de la perte de la mère : En Genèse 24, 67, « Isaac conduisit Rebecca dans la tente de Sarah, sa mère ; il prit Rebecca, qui devint sa femme, et il l’aima. Ainsi fut consolé Isaac (וַיִּנָּחֵם יִצְחָק, WYNEM YZEQ Vayina’hem Yits’haq), après avoir perdu sa mère. »
(2) La racine נִחָם, NEM, « regretter » ou « consoler », se retrouve dans le nom du Prophète Na’houm (נַחוּם, NEWM), dans celui de Néhémie (נְחֶמְיָה, NEMYH, Ne’hèmeyah), et dans Mena’hem, מְנַחֵם, MNEM, « consolateur », nom d’un roi d’Israël, souvent donné à des garçons nés après le décès d’un aîné.
Voir aussi :
Trouver grâce à tes yeux