Par le fait même
Quel rapport a la parasha Eqèv avec le talon, et avec Jacob ?
Deutéronome 7, 12 :
Si vous écoutez ces ordonnances (הַמִּשְׁפָּטִים, HMSFtYM, HaMichpatim), si vous les observez et les mettez en pratique, l’Eternel, ton Dieu, gardera envers toi l’alliance et la miséricorde qu’il a jurées à tes pères.
Bien que le mot « ces ordonnances » se réfère au verset précédent, la tradition rabbinique a introduit une césure entre le verset 11 de Deutéronome 7, qui termine la parasha Vaet’hanan, et le verset 12, par lequel commence la parasha nommée Eqev, d’après le deuxième mot de ce verset. Le sens propre de Eqèv est « talon », mais le mot a, entre autres sens dérivés, celui de « à la suite », comme on dit « suivre quelqu’un sur ses talons ». Jacob naît « à la suite » d’Esaü.
וְהָיָה עֵקֶב תִּשְׁמְעוּן
WHYH ŒQB TSMŒWN
Vehayah ‘Éqèv Tichme’oune
Et il arrivera / à la suite / si vous écoutez …
Les Michpatim dont il s’agit ne sont qu’une des trois catégories de lois citées au verset précédent : אֶת־הַמִּצְוָה וְאֶת־הַחֻקִּים וְאֶת־הַמִּשְׁפָּטִים.
Ce sont donc celles dont le respect suffit à assurer la perennité de l’alliance. Mais les traductions usuelles rendent mal le lien étroit entre « l’écoute » de (l’adhésion à) ces préceptes et la perennité de l’Alliance. Elles se contentent de dire « après que » ou encore « si », quelquefois ponctué par un « alors » ou un « ainsi ». De même, dans la même parasha, le verset 8, 20, qui est en quelque sorte le négatif du verset 7,12 :
Comme les nations que YHWH a perdues en face de vous, ainsi seriez-vous perdus pour n’avoir pas écouté (עֵקֶב לֹא תִשְׁמְעוּן, ŒQB LA TSMŒWN, Eqèv Lo Tichme’oune) la voix de YHWH votre Dieu.
Vous serez perdus par le fait même, si vous n’écoutez pas … Vous ne constituerez plus un peuple.
Philosophiquement il s’agit là de l’immanence des lois divines, à la façon de Spinoza. Sociologiquement il s’agit du problème « Qui est juif ? » ; plus précisément, à partir de quel degré de « non-pratique » (non-écoute) sort-on du peuple juif ?