Le cœur de la Torah
Les sofrim ont compté dans le Pentateuque 669 paragraphes, 5845 versets, 79 976 mots et 304 805 lettres consonnes.
A partir de ce dénombrement, on peut découvrir le cœur de la Torah, c’est-à-dire son milieu. Celui-ci se trouve en Lévitique 10, 16, dans la parasha Shemini, dans un verset qui, en traduction française, semble parfaitement anodin : « Quant au bouc du péché, Moïse s’en informa… »
וְאֵת שְׂעִיר הַחַטָּאת דָּרֹשׁ דָּרַשׁ מֹשֶׁה
WAT SŒYR HEtAT DRS DRS MSH
VeÈte Sé’ir ha’Hatat Daroch Darach Moché
Mot à mot : Et bouc du-péché cherché, il a cherché, Moïse.
Le mot דָּרֹשׁ, DRS, est répété avec deux vocalisations différentes : Daroch, Darach, « Cherché il a cherché ». C’est entre ces deux mots identiques que se situe précisément le milieu de la Torah :
39 988ème mot : daroch] milieu [ 39 989ème mot : darach.
Enseignement d’une importance capitale : le « cœur du livre » est un espace vide qui sépare deux mots identiques dont la signification exacte est l’impératif : « Interprète ! ». En effet le mot darach ou daroch, de la racine hébraïque דָּרֹשׁ, DRS, signifie « interpréter » et a donné le mot MDRS, Midrach, qui constitue avec le Talmud l’ensemble des commentaires du texte biblique.
Marc-Alain Ouaknin « Mystères de la Bible », Assouline, 2008, p 355-356.
Voir aussi :
Lectures de « Chemini »
Montées de « Shemini »
27 avril 2018 à 14:43
Emmanuel Bloch : Quand on verifie en comptant les mots, le « milieu » de la Torah se situe environ 700 mots plus tot que Darosh Dorash…
Michel Louis Lévy : N’avez-vous jamais correspondu avec MAO ?
Emmanuel Bloch : Non, j’aimerais bien le rencontrer a l’occasion. J’ai beaucoup aimé certains de ses ouvrages.
J’ai du mal a croire qu’il ignore que le compte des baalei massoret est inexact, on le notait deja dans des textes du 10 ou 11eme siecle..
Jérémie Haddad : Mais c’est toute l’ironie à mon sens !
Tu crois que les baalei massoret ne savaient pas compter ?
Je suis sûr que si et que leur message c’etait: ne vous fiez pas à une logique par trop mathématique (ou archéologique ou linguistique) mais faites l’effort d’interpreter le texte, c’est ça qui est important !
Emmanuel Bloch : On ne peut pas exclure l’erreur, mais a priori je suis d’accord avec toi et pense aussi qu’ils savaient compter. A mon sens, l’explication la plus simple reste que le texte biblique qu’ils avaient n’etait pas exactement le meme que le notre…
Samuel Elikan : Dans le livre Ahavat Torah, publié à Cracovie il y
a de cela plus de 100 ans, par le Rav Pinh’as Zalman Segal d’Horowitz (https://www.otzar.org/wotzar/Book.aspx?23982&), l’auteur soutient que nos Sages ne s’occupaient pas de compter « vulgairement » des versets – chose que tout le monde peut faire, mais venaient relever des choses un peu plus complexes.
Ainsi, lorsque dans TB Kidoushin 30a – il est dit que « darosh darash » est « la moitié des mots », il s’agit des mots doubles dont la racine est la même (qui peuvent donc avoir une « moitié »!) – tels « darosh darash ».
Chose étonnante – il y en a 89 dans la Torah et « darosh darash » est exactement le 45ème… c’est à dire qu’il y a 44 occurrences avant et 44 après !
(cf. la liste ici : https://daf-yomi.com/…/UploadedFiles/DY_Item/355-sFile.pdf)
אהבת תורה / הורוויץ, פינחס זלמן בן יחיאל דוד / תרס »ה – אוצר החכמה
Jérémie Haddad : Excellent 🙂
Emmanuel Bloch : Merci beaucoup Sam. Quand j’avais 20 ans de moins j’adorais les decomptes du rav Horowitz. En particulier sur l’importance du nombre 1820 qu’il retrouvait dans un nombre impressionnant de situations.
Il y a aussi le Degel Mahaneh Ephraim qui dit que le message est la centralite de l’etude de la Torah – à droite du milieu, le drash; à gauche du milieu absolu, le drash.