Montées de « Mishpatim »
Code de l’Alliance. « Nous ferons et nous entendrons ».
(En raison du contenu de cette section, essentiellement légal, ce dont témoigne le nom même de la Paracha, nous n’énumérerons pas forcément l’intégralité de celles-ci mais seulement les plus actuelles)
1) Droit de l’esclavage. Droit matrimonial : un homme doit nourrir, vêtir son épouse, ainsi qu’entretenir des relations conjugales. Droit pénal et droit civil (meurtres, enlèvement, coups et blessures).
2) Principe de l’indemnisation des préjudices, responsabilité du fait des choses, légitime défense, soustraction frauduleuse. Le fameux « œil pour œil, dent pour dent… » ne prône absolument pas la vengeance privée mais, conformément au Talmud (« œil pour réparation de l’œil »), pose le principe de la réparation pécuniaire du dommage subi.
3) Suite du droit hébraïque de la responsabilité. Diverses infractions punies par la peine de mort. Respect des personnes vulnérables que sont les étrangers, les veuves et les orphelins. Prohibition du prêt à intérêt.
4) Lois hétérogènes, dont l’interdiction d’écouter des propos médisants, ou le principe du contradictoire qui défend à un magistrat d’écouter l’argumentation d’un plaideur en l’absence de l’autre plaideur.
5) Lois destinées à garantir l’impartialité des juges. Réitération de la sympathie dont il faut témoigner à l’égard de l’étranger. La Chémita (repos de la terre tous les sept ans). Les trois fêtes de pèlerinage : Pessa’h, Chavouoth et Souccoth. La prohibition du mélange du lait et de la viande.
6) Mise en garde de Dieu contre la séduction que pourraient exercer les idoles cananéennes sur les hébreux, après la conquête de la Terre promise.
7) Promesse de l’aide divine pour la conquête de Canaan. Réitération de l’Alliance entre Dieu et Israël.
La relation Haftara-Paracha :
Le prophète Jérémie témoigne (et stigmatise dans sa prophétie) du non-respect de la loi concernant l’affranchissement des esclaves au terme de sept années de travail. La Haftara fait donc le lien avec la première montée de la section hebdomadaire qui édicte cette règle.
Etincelles de mémoire :
La mémoire intervient dans l’interdiction répétée de nombreuses fois dans la Torah, d’opprimer l’étranger. En effet, notre Paracha justifie cette attitude par notre propre expérience d’esclaves en Egypte : « Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous connaissez, vous, l’âme de l’étranger, car vous avez été étrangers au pays d’Egypte ! » (Exode XXIII, 9). Le vécu est ainsi le moteur de l’empathie que l’on doit ressentir pour l’étranger qui réside dans notre pays.
Il faut également relever la dette du droit séculaire des pays démocratiques vis-à-vis du droit biblique très riche dans cette section, notamment en matière de responsabilité et de procédure judiciaire.
Etincelles de réflexion :
– Parmi les trois droits de l’épouse dont l’époux doit garantir le respect, il y a ‘Ona, c’est-à-dire, le droit conjugal, mais plus précisément, le droit au plaisir sexuel, totalement dissocié de la procréation. Qui a dit que le judaïsme réduisait la femme à la mère et qui a dit qu’il prohibait le plaisir ?
– Une lecture lévinassienne de la loi « œil pour œil », en hébreu, ‘Ayin tah’at ‘ayin (le judaïsme récuse la loi du talion, ainsi que nous l’avons précisé plus haut) mérite d’être exposée ici. Elle part d’une interrogation : Si Tah’at signifie « contre », au sens de réparation pécuniaire, pourquoi ne pas avoir dit plus simplement, ‘Ayin bé’ayin, ce qui était plus clair que tah’at qui signifie « en dessous » en hébreu. Lévinas répond : La réparation financière de la blessure que l’on a causée sera toujours « en dessous » de la souffrance que l’on a infligé à autrui. En d’autres termes, le délinquant doit réaliser que l’argent n’est qu’un pis-aller, et qu’il ne pourra jamais compenser le tort commis. C’est à cette argumentation qu’eurent recours les opposants aux indemnités de l’Allemagne post-nazie à l’Etat d’Israël, pour la Choah infligée au peuple juif. Les Allemands soulageraient ainsi leur conscience à bas prix.
Voir aussi :
Lectures de Mishpatim (GRJO)
Nous ferons et nous entendrons
Car étrangers vous étiez…
Œil pour œil