Montées de « Yitro »
HyperChabbat, dédié à la mémoire des Victimes de l’Hyper Cacher
1) Yitro, beau-père de Moïse, rejoint ce dernier, avec sa fille, épouse de Moïse, et leurs deux enfants, Gerchom et Eliézer. Yitro se réjouit de tous les miracles accomplis par Dieu pour Israël, en déduisant qu’Il est « le plus grand de tous les dieux ».
2) Yitro, qui perçoit des dysfonctionnements dans la justice administrée seulement par Moïse, donne des conseils à son gendre afin de le soulager dans sa tâche, en s’entourant de juges assesseurs.
3) Moïse se conforme aux consignes de Yitro.
4,5) Israël se prépare au don de la Torah. Dieu les invite à devenir son peuple élu. Il leur est, notamment, demandé de se séparer de leurs épouses trois jours avant, et de ne pas gravir le mont Sinaï, sous peine de mort.
6) Proclamation des Dix Commandements (littéralement, les dix paroles).
7) Le peuple exprime à Moïse sa difficulté extrême à écouter directement la parole divine, sans transmission par la bouche humaine de Moïse. Réitération de la prohibition de confectionner des idoles et prescriptions concernant l’édification d’un autel.
La relation entre la Paracha et la Haftara :
Le prophète Isaïe relate, avec force détails, une vision d’anges, créatures célestes, dont il a fait l’expérience. Le peuple hébreu a vécu une expérience similaire au pied du mont Sinaï, ce que notre Paracha décrit lorsqu’elle évoque les images et les sonorités qui précédèrent et accompagnèrent la théophanie.
Étincelles de mémoire :
Rabbi Yehouda Halévi retient la mémoire d’un moment unique dans l’histoire, où tout un peuple fut promu au rang de prophètes, alors que cette vocation ne concernait jusque là que des élus. Les tunisiens, plus prosaïques, en retiennent la séou’dat Yitro (« le repas d’Yitro ») et sa fameuse pièce montée, qui rappelle ce moment, le Chabbat Yitro, où l’épidémie qui décimait les garçons juifs (dans quelle(s) ville(s) de Tunisie, quand et combien de victimes, difficile à dire ?) prit fin.
Enfin, le Décalogue n’appartient-il pas à la mémoire commune de l’humanité ?
Étincelles de réflexion :
Dans le souci d’une religion d’éthique partagée entre Dieu et l’humain, deux commentaires semblent s’imposer à nous. Le premier se trouve dans le dernier commentaire de Rachi sur notre section. Il concerne le fondement de ce qui pourrait paraître comme un détail architectural, alors qu’il est plein de sens. Dieu enjoint Moïse d’édifier un autel, dont l’accès ne devra pas être un escalier mais une pente, « afin que ta nudité n’y soit pas découverte ». Rachi explique que des escaliers contraignent celui qui les emprunte à faire des pas larges, et donc à écarter les jambes, forme de dévoilement de l’intimité, ce qui serait irrespectueux à l’égard des pierres de l’autel. Il ajoute : « Et alors un raisonnement a fortiori s’impose à nous : Si pour ces pierres qui, étant inconscientes, ne sont pas sensibles à l’irrespect qui leur serait témoigné, la Torah a dit qu’en raison de leur utilité tu dois les respecter, ton prochain qui est à l’image de ton Créateur et qui est sensible à l’irrespect qui lui serait témoigné, à bien plus forte raison encore. » Le lieu même de la relation verticale, l’autel, nous donne à penser de la qualité de notre relation horizontale.
Le second enseignement provient d’Elie Munk, dans « La voix de la Torah », qui observe que le premier mot des Dix Commandements est Anokhi, « Je suis » (l’Eternel), et que le dernier mot est léréa’kha, « à ton prochain ». Respect de Dieu et de son frère humain sont des impératifs fondamentaux et incontournables. C’est pour cette même raison que les Dix Paroles ont été données sous la forme de deux tables, comportant chacune cinq lois, les cinq premières en rapport avec le divine, tandis que les cinq autres nous obligent vis-à-vis d’autrui.
Voir aussi :
Lectures de Yithro (GRJO)
Les Dix Commandements