Montées de « ‘Houqat »
Décrets divins : la vache rousse, mort de Myriam puis d’Aaron.
1) Prescriptions de la vache rousse, dont les cendres mélangées à de l’eau, étaient aspergées sur les personnes ayant touché un cadavre, afin de les purifier. Les personnes impures n’avaient pas le droit de pénétrer dans le Temple. Curieusement, H’oq dans le H’oq, ceux qui avaient brûlé la vache et recueilli ses cendres, devenaient impurs. Lois de l’Ohel hamet 1 et de la purification des objets ayant contracté une impureté.
2) Suite des lois de purification. Celui qui aspergeait les eaux lustrales (eaux contenant les cendres de la vache rousse), devenait impur.
Mort de Myriam. Le peuple se trouve à court d’eau et se soulève contre Moïse. Rachi note que la juxtaposition de la mort de Myriam au problème de l’eau, démontre que durant les quarante années passées dans le désert, ils bénéficièrent de l’eau grâce au mérite de Myriam.
3) Dieu demande à Moïse et à Aaron de parler au rocher afin qu’il donne de l’eau. Moïse frappe le rocher à deux reprises, et celui-ci donne de l’eau pour tout le peuple et ses bêtes. Moïse et Aaron sont condamnés à mourir dans le désert, n’entrant pas en terre d’Israël, suite à cette désobéissance qui a empêché la sanctification de Dieu. Ce passage demande à être approfondi car il comporte de nombreuses difficultés de compréhension. Pourquoi Dieu demande t-il à Moïse de prendre son bâton s’il ne doit faire que parler et non frapper le rocher. Pourquoi une sanction si dure pour une désobéissance qui ne semble pas avoir eu de graves conséquences : le miracle est-il moins grand lorsqu’un rocher donne de l’eau après qu’on l’ait frappé ou après qu’on lui ait parlé ?
4) Israël demande à Edom de le laisser traverser son territoire pour se rendre en terre promise. Edom refuse. Pour une meilleure compréhension des voisins des Hébreux, je vous recommande la lecture de l’un des « Cahiers de Science et Vie », dont le titre est : « Autour des Hébreux. Les peuples de la Bible », N°89, octobre 2005. Cette consultation vous sera également utile pour une meilleure compréhension du Deutéronome et des livres des Prophètes, où il est beaucoup question des rapports entretenus par les Hébreux avec leurs voisins.
5) Mort d’Aaron et succession de son fils, aux fonctions de Cohen Gadol (« grand-prêtre ») El’azar, qui se revêt des vêtements sacerdotaux de son père. Une guerre oppose Israël à un roi cananéen, qui parvient à prendre en otage un Hébreu. Israël récupère cet otage après une bataille victorieuse.
Nouvelle rébellion des Hébreux. Dieu envoie des serpents « brûlants », qui tuent de nombreux hébreux. La guérison vient d’un serpent d’airain confectionné par Moïse, sur ordre de Dieu, et placé sur une perche, qui apporte la guérison à ceux qui l’observent.
6) Voyages d’Israël. Passage énigmatique, relatif à des guerres avec les voisins de la terre de Canaan. Cantique à la compréhension ardue, entonné par Israël, qui fait partie des cantiques bibliques tels que celui de la mer des Joncs chanté tous les jours dans la prière du matin.
7) Guerre contre Sih’on l’Amorréen et conquête de son territoire. Guerre victorieuse contre ‘Og, le roi de Bashan.
La Haftara (si ça ne tombe pas Roch h’odech comme cette semaine) et la Paracha :
Les Juges correspondent à la période qui sépare la mort de Josué de la royauté. Elle s’étend du XIIème au XIème siècle, et se caractérise par un mode tribal de gouvernement des hébreux. Jephté fut l’un des Juges les plus célèbres, qui, dans notre Haftara, donne un véritable cours d’histoire au roi d’Ammon, qui réclame le territoire qu’Israël lui aurait soutiré par la guerre, et qui est évoquée dans notre Paracha (voir septième montée). Personnellement, je retiens la description peu flatteuse qui est faite de Jephté, qui fut pourtant choisi comme Juge d’Israël, et à qui Dieu donna la victoire. Grande leçon d’humilité pour nous qui jugeons parfois un peu vite nos dirigeants, en particulier ceux de l’Etat d’Israël, alors que la Providence divine a peut-être choisi d’accomplir ses desseins par de tels hommes.
Etincelles de mémoire :
– Le récit de l’otage hébreu dans la cinquième montée de H’ouKat, fait penser aux efforts déployés par l’Etat d’Israël afin de récupérer ses soldats enlevés au combat. Rachi précise que l’otage en question n’était qu’une servante, ce qui n’empêcha pas la mobilisation de toute une armée, avec le risque de perdre des hommes au combat, afin de la ramener chez elle. L’Etat d’Israël ne va-t-il pas jusqu’à échanger des terroristes bien vivants contre des cadavres de soldats (2), comme cela s’est produit récemment, avec les soldats Regev et Goldwasser?
Dans le même ordre d’idée, nous avons une pensée pour Eyal Ifrah, Naftali Frenkel et Gil-Ad Shaer, les 3 jeunes otages israéliens.
– Certains attribuent une origine biblique au serpent, caducée de la pharmacie, en plus de son origine relevant de la mythologie grecque. Car le serpent placé sur une perche par Moïse, guérit ceux qui ont été mordus et qui le contemplent. Comme le serpent qui crache son venin servant à la préparation de remèdes, dans la mythologie grecque. Un passage talmudique célèbre enseigne que ce n’était pas le serpent qui guérissait, mais le fait de lever ses yeux vers le ciel, c’est-à-dire, vers Dieu, qui apportait la rémission.
Etincelles de réflexion :
Les prescriptions concernant l’impureté et le processus de purification sont des plus complexes, tant au niveau « technique », qu’au niveau de leur rationalité. On peut dire, schématiquement, que la mort est source d’impureté parce qu’elle est synonyme d’arrêt, d’inertie, là où la vie est, au contraire, mouvement, dynamique. L’humain se fait et se défait dans le mouvement permanent. Ainsi, se laver rituellement les mains au lever du lit, les mains étant le symbole même de l’action, c’est redonner vie à notre corps impur, parce qu’inactif durant le sommeil. L’eau est symbole de vie. C’est pour cette raison qu’elle intervient dans tous les rituels de purification. L’erreur à éviter absolument lorsque l’on aborde les lois relatives à l’impureté, consiste à les appréhender en termes hygiéniques, alors qu’elles ne sont en rien liées aux notions de propreté ou de saleté. Concernant la vache rousse qui rend purs ceux qui ne le sont pas et rend impurs ceux qui le sont, le Yismah’ Moché explique que le roux (le rouge) symbolise l’ostentation, le fait, religieusement, d’agir publiquement, de manière à être vu plutôt que discrètement. Il explique qu’agir de la sorte (de manière ostentatoire, symbolisé par le roux) rend purs ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire, ceux qui ont besoin du regard admiratif d’autrui pour avancer religieusement, conformément à l’adage talmudique, mitokh chélo liChma, ba liChma’ , « débutant son culte religieux de manière intéressé, il en viendra plus tard à le pratiquer de manière désintéressé ». En revanche, pour ceux qui sont purs, c’est-à-dire, ceux qui pratiquent leur religion, sans se soucier du regard d’autrui, agissant publiquement avec la même pureté que dans l’intimité, la vache rousse, c’est-à-dire, l’ostentation, les impurifie, en entachant leur culte religieux d’orgueil, soucieux qu’ils soient devenus du regard admiratif des autres. L’on retrouve ici l’analyse du grand penseur juif espagnol Rabbi Bah’ya Ibn Paqouda (XIème siècle) dans le chapitre consacré à la pureté des motivations dans son ouvrage majeur, « Les devoirs du cœur ».
1 Qui veut que toute personne qui se trouve dans une pièce où repose un cadavre, devient impure. Un Cohen, de ce fait, ne peut jamais veiller un défunt (sauf l’un des sept proches pour lesquels il prend le deuil).
2 Il faut souligner, toutefois, que ces échanges ne sont pas sans poser de sérieuses questions éthiques et halakhiques, notamment, en raison du déni de droit à l’égard des familles victimes de ces terroristes élargies, ainsi que des risques probables de récidive de ces assassins.
Voir aussi :
Lectures de « ‘Houqat « (GRJO)
Celui qui en fait trop
Écouter :
‘Houkat, par le GR Jacques Ouaknin
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