Les deux récompenses de Léa
Moïse n’avait-il rien d’autre à faire … ?
Genèse 30, 18. :
Léa dit: Elohim m’a donné mon salaire (שְׂכָרִי, SKRY, Sekari) parce que j’ai donné ma servante à mon mari. Et elle l’appela du nom d’Issacar יִשָּׂשכָר, YSSKR, Ichsakar).
Commentaire d’Elie Munk (La Voix de la Torah) :
Le nom « Issacar » (יששכר, YSSKR) fait allusion à cette récompense (שכרי, SKRY) et, en même temps, à la « location » (שָׂכֹר שְׂכַרְתִּיךָ, SKR SKRTYK, Sakor Sekartikha) mentionnée au verset 16. Cette double signification peut expliquer le fait que ce nom comprend deux fois la lettre ש. Cependant, à la lecture courante, on ne prononce qu’un seul ש comme si le nom était écrit ישכר, YSKR. Car Léa attribuait la naissance de son fils à la seule récompense d’avoir donné son esclave à son mari, non à la récompense pour l’acte peu important de l’abandon des mandragores. Selon cette interprétation le mot יששכר, YSSKR est lu régulièrement avec un seul ש, sauf ici, à la première mention dans la Torah (…)
Marie Vidal, dans « Jésus et Virounèka », p. 221-222, cite un passage du Traité Sanhédrin (99b) selon lequel le roi Manassé, fils d’Ezechias, « passait son temps à chercher dans la Torah matière à critiquer. Il disait : « Moïse n’avait-il rien d’autre à faire que de raconter comment Ruben s’en était allé trouver des mandragores dans le champ » mais on lui répondait : « l’Écriture veut faire l’éloge des chefs des tribus : c’était l’époque de la moisson et cependant Ruben n’a pas touché au bien d’autrui en apportant du blé ou de l’orge, mais il a ramassé quelque chose qui n’appartient à personne ! » Et le midrash de raconter, écrit-elle, la grande parabole de Ruben fatigué et assoiffé par le vent chaud, tenté par le parfum des pommes, vainqueur de la tentation, et trouvant alors des mandragores (DWDAYM, Doudaïm). Plus loin Marie Vidal cite le Cantique des cantiques (7, 14) où les Dodaïm font écho à Dodi « mon bien-aimé ».
Ce que Rachel évite, en détournant les mandragores, c’est que Ruben, qui les avait offertes à sa mère, n’aille commettre un épouvantable inceste avec elle ! Il finira d’ailleurs par en commettre un, de moindre gravité, en allant coucher avec la servante de sa tante Rachel, Bilha, concubine de son père, en Genèse 35, 22 .