Talmud et Coran
Dans son discours du Caire, le Président Obama avait cité un passage du Coran proche d’une célèbre sentence de la Michna (Traité Sanhédrin). Le rapprochement va plus loin qu’il n’avait été dit.
Dans le Coran, la sentence est précédée de « Alors, pour les Fils d’Isrâ’îl, nous avons écrit… » (sourate 5, verset 32). Or dans la traduction du Rabbin Steinsaltz, la sentence en question est ainsi rendue : « C’est pour cela que l’homme a été créé seul, pour t’enseigner que quiconque anéantit une âme d’Israël (NFS AET MYSRAL, Nefèch A’hat MiIsraël), l’Ecriture le lui impute comme s’il avait anéanti un univers plein. Et quiconque maintient en vie une âme d’Israël (idem), l’Ecriture le lui impute comme s’il avait maintenu en vie un univers plein« .
On imagine les discussions entre Sages sur la signification de cette « âme d’Israël » dont le sauvetage serait plus méritoire que celle d’une âme ordinaire. Et il y a fort à parier que la mention du Coran est le reflet direct de ces discussions. Mais il y a mieux.
Dans la Michna, la sentence est précédée d’un commentaire sur Caïn qui a répandu « les sangs » (au pluriel) d’Abel. Or cette succession – « meurtre d’Abel » puis « Qui sauve une vie » – se retrouve dans le Coran; voici les versets 27 à 31 de la sourate 5 (traduction Chouraqui) :
27. Raconte leur l’histoire des deux fils d’Adam. En vérité, quand ils ont présenté une offrande à Allah, Il l’a reçue de l’un, et refusée de l’autre. Celui-ci dit: « Je te tuerai. » Il dit: « Allah n’accepte d’offrande que des frémissants. »
28. Si tu élèves ta main contre moi pour me tuer, je ne l’élèverai pas contre toi, je ne te tuerai pas. Je crains Allah, Rabb des univers.
29. Je veux que tu portes ma faute avec ta faute, parmi les Compagnons du Feu, lot des fraudeurs.
30. Il lui est suggéré de tuer son frère, et il le tue. Il comparaît parmi les perdants.
31. Allah suscite un corbeau qui gratte la terre pour lui apprendre comment recouvrir la dépouille de son frère. Il dit: « Aïe ! Je suis incapable de faire comme ce corbeau et de recouvrir la dépouille de mon frère ? » Et il comparaît parmi les repentis..
Les rapprochements sont nombreux entre midrachim et versets coraniques (et évangéliques). Aux temps messianiques, chacun s’émerveillera de ces concordances. Pourquoi ne pas commencer aujourd’hui, comme y invite le Président Obama ?
31 janvier 2010 à 13:43
Cet article est dédié à l’Imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, et au Rabbin Michel Serfaty, qui œuvrent l’un et l’autre au rapprochement judéo-musulman.