Gog et Magog
Selon un témoignage du théologien Thomas Römer, George W. Bush invoqua en 2003 la prophétie de Gog et Magog pour plaider la cause de la guerre en Irak auprès de Jacques Chirac.
Les textes d’Ezechiel 38 et 39 sont loin d’être limpides. Mais les commentaires rabbiniques permettent de les éclairer : les prophètes bibliques n’annoncent pas des événements précis, mais des processus qu’on ne comprend qu’après les avoir vécus.
Ezéchiel 38,2
Tourne ta face vers Gog (אֶל־גּוֹג, AL-GWG), au pays de Magog (אֶרֶץ הַמָּגוֹג, ARZ HMGWG), vers les chefs-princes (נְשִׂיא רֹאשׁ, NSYA RAS) Méschec et Toubal ( מֶשֶׁךְ וְתֻבָל, MSK WTBL)
Mise à part une mention dans le livre des Chroniques, Gog n’apparaît qu’ici. Mais Magog, Méschec et Toubal sont nommés en Genèse 10, 2: « Les fils de Japhet furent Gomer, Magog (מָגוֹג, MGWG), Madaï, Javan (יָוָן, YWN), Toubal (תֻבָל, TBL), Méschec (מֶשֶׁךְ, MSK) et Tiras« .
Japhet est le troisième fils de Noé, qui se comporte aussi bien que Sem lors de l’épisode du « Manteau de Noé » (Genèse 9, 23), ce qui témoigne d’un certain degré de civilisation : Javan (= YWN, Ion) est l’ancêtre des Grecs. Un commentaire rabbinique rapproche cette ascendance honorable du fait que plus loin (39, 11 et 12 ), Gog reçoit une sépulture en terre d’Israël. Et de fait, l’histoire est là : ce furent des peuples de grande civilisation, Grecs, Romains, Croisés, Espagnols, et plus récemment Allemands, qui persécutèrent, expulsèrent, voire exterminèrent le peuple d’Israël.
Autre passage : Ezéchiel 38, 8-11 :
8. (Toi Gog) tu viendras dans un pays délivré de l’épée, où se rassemblent beaucoup de peuples, sur les montagnes d’Israël antérieurement désolées, ceux qui sont sortis d’entre les peuples et qui habitent tous en sécurité.
9. Et tu monteras, tu viendras comme une tornade (כַּשֹּׁאָה, KSAH, KaShoah), tu seras comme une nuée pour couvrir le pays, toi et toutes tes bandes, et beaucoup de peuples avec toi. (…)
11. Et tu diras: Je monterai dans un pays de villes ouvertes, je viendrai vers ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité, qui tous habitent là où il n’y a pas de murailles et chez qui il n’y a ni verrous ni portes…
Les « montagnes d’Israël » ne sont pas nécessairement en Israël : elles peuvent figurer toute communauté de Diaspora. Dans nos générations, innombrables furent les victimes de l’antisémitisme, spoliées, chassées, assassinées, qui, avant la tornade, aussi soudaine qu’imprévue, croyaient sincèrement être à l’abri de tout danger, infiniment et naïvement confiantes envers leurs pays : comment une chose pareille pourrait arriver, ici ?